Association de PROMotion
des Energies Renouvelables

Stages solaire et éolien en Auvergne

L'éolien

Le grand éolien fait débat.

De nombreuses associations s'opposent aux projets en cours.

Je vous propose ces quelques reflexions....

 

APROMER est une association technique indépendante des producteurs d'énergie et des fabricants de matériels, nous avons pour objectif : la promotion de l'utilisation rationnelle de l'énergie c'est à dire : sobriété énergétique, efficacité énergétique et énergies renouvelables les trois points du scénario « NEGAWATT »

Je ne tiens pas à répondre point par point aux « arguments » des opposants de l'éolien industriel. Il est en effet difficile de démentir sans amplifier ces rumeurs.... et pourtant non les éoliennes ne font pas tourner le lait des vaches, ça se saurait. Depuis plus de 25 ans des éoliennes sont installées au Danemark et au Pays Bas. Et le petit vin des Corbières (la plus forte concentration d'éoliennes en France) est fameux, et bien meilleur aujourd'hui. NON je ne dirai pas qu'il est meilleur parce qu'il y a des éoliennes !

 

Il faut bien admettre que l'énergie est un facteur anxiogène, et à juste raison. Il n'est pas si loin le temps où le pétrole coulait à flot, il se fait rare et cher et il n'y en aura pas pour tout le monde. Il va falloir penser autre chose.... et c'est difficile dans un état jacobin où toutes les décisions sont prises d'en haut.

Les éoliennes fournissent de l'électricité. Rappelons que l'électricité en France ne représente que 20% de nos consommations énergétiques. L'énergie nucléaire fournit 80% de ces 20% ; peanuts ?... non bien sûr, mais il faut relativiser, sans parler des problèmes de cette filière : minerai que l'on arrache au Niger au mépris des populations, déchets dont on ne sait que faire et que l'on va léguer aux générations futures pour des milliers d'années, prolifération de l'arme atomique, risques terroristes, centralisation de la production avec sa myriade de lignes Très haute Tension qui défigurent les paysages,  sans parler de l'âge de notre parc nucléaire et de la multiplication des incidents !

 

A quoi sert l'électricité ? Des usages indispensables comme l'éclairage, le froid, l'électro-ménager, les moteurs électriques, les machines, la télévision, les ordinateurs... et le chauffage électrique ! La France détient le triste record du chauffage électrique : 80% des constructions neuves. C'est pourtant une aberration : faire bouillir de l'eau pour actionner une turbine qui va faire de l'électricité que l'on va transformer en chaleur !!!, sans parler des pertes dans les lignes haute tension.

Une anecdote : les dirigeants de GAZPROM, un des principaux fournisseurs de gaz en France ont tenu à rencontrer les responsables du Comité de Liaison des Energies Renouvelables et de négawatt et leur ont tenu ce discours : vous êtes sympas en France, vous nous achetez du gaz pour vos turbines qui font de l'électricité que vous transformez en chaleur ! Alors que si vous utilisiez ce gaz directement pour vous chauffer, vous feriez beaucoup d'économie !

 

Revenons aux éoliennes, ou plutôt au scénario « negaWatt » qui est un scénario imaginé par des professionnels de la maîtrise de l'énergie pour montrer qu'il est possible de respecter nos engagements de diviser par quatre nos émissions de Gaz à Effet de Serre d'ici 2050. Ce scénario traite aussi bien de l'électricité , des transports que de la chaleur et c'est un scénario que je qualifierais de « gestion en bon père de famille de nos ressources », en opposition au scénario de flambeur de la DGMP. (Direction Générale des Matières Premières)

Dans ce scénario, les éoliennes sont aujourd'hui, dans l'état actuel de nos connaissances et des technologies disponibles, (je ne suis pas amateur de science fiction), la filière la plus mature pour assurer une production d'électricité d'origine renouvelable et non polluante. Elle n'a pas bien sûr que des qualités. Il lui faut du vent pour tourner et comme pour d'autres énergies renouvelables, la production est intermittente, mais avec les logiciels de prévision météo il est tout à fait possible d'anticiper la production de tel ou tel parc, et je ne connais pas beaucoup d'investisseurs qui seraient d'accord pour investir 1,5 million d'€/MW installé pour des éoliennes qui ne tournent pas !

 

A propos d'investissement, je tiens à rappeler que de nombreux parcs éoliens (au Danemark, notamment) sont gérés par des coopératives. Il ne tient qu'à nous de rendre ces machines plus citoyennes ! C'est ce que vient de faire l'Association Eolienne en Pays de Vilaine (en Bretagne) en créant une SARL « Site à Watt » avec le soutien du Conseil général, du Conseil Régional, du fond d'investissement de la Région Bretagne et de citoyens et qui vient de se voir accorder un permis de construire pour un parc de 8 MW.

De même en Picardie à Montdidier, les travaux commencent pour le premier parc éolien en régie publique avec le soutien du CR de Picardie sous forme d'avance remboursable, du CG de la Somme et du Feder. Il est donc possible de faire autrement !

 

Et pour terminer je voudrais dire que non il n'y a pas de subvention pour les éoliennes portées par des industriels. Il faut savoir qu'aujourd'hui, en France, même après le « Grenelle » le budget recherche sur les énergies renouvelables est inférieur au budget communication d'EDF.

 

Combien de milliards ont été investis par la recherche publique sur le retraitement des déchets nucléaires ? Avec quel résultat ?

 

Le tarif d'achat du courant produit par les éoliennes est fixé par l'état au même titre que le courant produit par le solaire photovoltaïque, par l'hydroélectricité, par la cogénération etc... Le surcoût est pris en charge par la « contribution au service public d'électricité » (une petite ligne au verso de votre facture d'électricité). Cette contribution sert aussi à compenser le surcoût de la production de l'électricité dans les DOM et les consommateurs précaires.... Contribution que les consommateurs payent, pas le contribuable. L'éolien représente moins de 6 % de cette contribution, le solaire photovoltaïque 0,5%, à titre d'information la cogénération gaz représente 25 %.

 

En conclusion la priorité absolue doit être à la sobriété et à l'efficacité, c'est à dire de l'énergie évitée, des « negaWatts », mais il faudra quand même produire de l'électricité et en quantité : 380 milliard de kWh par an et pour ça, les éoliennes sont l'une des réponses les plus intelligentes face aux urgences climatique et énergétique.

Il n'y a pas d'énergie idéale, mais il y a des mauvais choix. Des choix risqués et insoutenables nous contraignant à être des prédateurs, des « carbonisateurs » d'atmosphère, des producteurs de déchets toxiques... Un comportement de pillards enivrés par des illusions de croissance sans limites, avec pour corolaire la guerre.

Il faut inventer un futur vivable, c'est encore possible, soyons réalistes et audacieux.

Du vent partout, du soleil partout, de l'énergie pour tous.

Philippe Bertrand


et pour conclure, je ne resiste pas.... le texte de Thierry Salomon, paru dans "la maison écologique", Thierry Salomon est le président de l'association "négawatt"

Les jolies filles d'Eole, Thierry Salomon

J’y pense chaque matin en me rasant!

Allons bon, allez-vous dire, lui aussi … Mais non, mes pensées sont plus légères: chaque matin, en me rasant, j’admire de mes fenêtres l’élégance des neuf éoliennes accrochées depuis quelques mois sur les collines de ma garrigue languedocienne.

J’en ai rêvé pendant trente-cinq ans. Et maintenant elles sont là, vivantes dans l’azur, tournant avec une régularité apaisante. Modèles d’équilibre, jolie combinaison de l’intelligence industrieuse de l’homme et des ressources renouvelables de la nature, belles sculptures cinétiques à la géniale simplicité: un mât, trois pales au savant profil, un zest d’électro-mécanique et le tour est joué!

Dignes descendantes des moulins d’antan, ces neuf filles d’Eole me font vibrer de plaisir comme leurs si jolies cousines, les voiles des gréements : toutes se jouent avec subtilité des forces aérodynamiques entre terre et ciel, entre mer et azur. Alors le matin, en me rasant, lorsque je les vois tourner dans la Tramontane ou le vent d’Autan, je me dis que oui, ça y est, la grande transition énergétique est en marche.

Mais, parfois, il arrive qu’il n’y ait pas un souffle d’air. Les neuf sœurs sont alors immobiles et elles s’ennuient autant qu’une grand-voile tristement déventée. Compatissant, je les taquine alors en parodiant Baudelaire : «Exilées sur le sol au milieu des huées, vos pales de géantes vous empêchent de tourner…».

Pauvres éoliennes! On les a accusées de massacrer le paysage : elles redonnent vie aux courbes un peu mornes des collines languedociennes, sèches et rudes. On a jeté sur elles mille rumeurs : le bruit sera infernal, le raisin va s’aigrir, les oiseaux seront hachés menus et, crime parmi les crimes, la télé sera toute brouillée.

Rien de tout cela n’est survenu. Le bruit est le plus souvent plus faible que le vent lui-même, le vin des coteaux ne s’est pas éventé, et les perdrix ont survécu plus sûrement qu’à l’ouverture de la chasse. Quant à la télé, de toute façon, elle n’offrait déjà que du vent!

Bien sûr, je suis conscient que mes neuf filles d’Eole ne sont pas parées de toutes les vertus: j’aimerais les voir plus citoyennes, propriété coopérative de tous ceux qui à proximité consomment de l’électricité ; j’aimerais qu’elles laissent tranquille le ciel étoilé, plutôt que de lancer des flashs nocturnes, ridicule exigence de l’aviation civile ou militaire ; j’aimerais qu’elles soient au plus près des lieux de consommations, par exemple dans ces zones péri-urbaines qui ont été saccagées en silence pendant des décennies alors qu’aujourd’hui s’élèvent des cris d’orfraie contre l’éolien. Tiens, comme ceux, poussés par exemple par Valéry Giscard d’Estaing : il n’est peut-être pas inutile de rappeler qu’en matière d’énergie, Monsieur l’ex-Président, vous n’avez pas toujours été un très pertinent renifleur des bons choix pour la France …

Bien sûr, la priorité absolue doit être à la sobriété et l’efficacité énergétique, c’est-à-dire à l’énergie évitée, et j’y consacre mon activité professionnelle et bien au-delà. Mais même dans un scénario poussant les «négaWatts» au maximum, il faudra produire physiquement de l’énergie électrique et en quantité : pas moins de 380 milliards de kWh par an. Pour cela nos modernes éoliennes sont l’une des réponses les plus intelligentes face aux urgences climatique et énergétique. Elles collectent une énergie inépuisable, renouvelable, locale. De l’électricité, et rien d’autre : pas d’émissions, pas de déchets, pas de radiations. Et pour nos descendants, pas de fardeau, mais des rentes!

Il n’y a pas d’énergie idéale, mais je sais qu’il y a de mauvais choix.

Des choix risqués et insoutenables, nous contraignant à être prédateurs des minerais d’uranium du Niger, prisonniers des gisements d’Arabie ou de Sibérie, carbonisateurs de l’atmosphère, encrotteurs de déchets toxiques laissés à nos descendants pour des milliers d’années. Un comportement de pillards enivrés par des illusions de croissance sans limites: servons-nous, vite, il n’y en aura pas pour tout le monde. Et après-nous, la Terre brulée et le déluge climatique.

Alors, pour questionner l’avenir, pour inventer un futur encore possible, soyons réalistes et audacieux. Sachons écouter Eole et ses filles qui nous murmurent gentiment à l’oreille, à portée de zéphyr, une partie de la réponse : «Du vent partout, de l’énergie pour tous!».

Thierry SALOMON ingénieur énergéticien riverain des parcs éoliens des Collines de la Moure (Hérault)

Septembre 2009